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RÊVEUSE DANS LA TOURMENTE
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Tu es comme la fleur dans le bois, la fleur jolie,
Mais les ronces t'entourent et les chenilles.
Dans les parfums du bois, d'ailleurs, l'hostile
Centaurée et les chenilles sont surs des roses.
Comprends les hommes donc. Ce sont des créatures
Qui sèment le scandale au monde, aveuglément.
Heureux, heureux celui qui vient, comme la nuit,
En étranger parmi ces gens.
Ils vivent, laisse-les, dans les noirceurs du péché.
Et toi, existe dans ta louable pureté,
Semblable à l'ange immaculé, à la rose blanche,
Aux flots de l'océan démesuré,
Semblable aux trilles des oiseaux, à l'enchantement du soir,
À l'étoile heureuse au fond du ciel,
Semblable aux neiges des montagnes illuminées,
Sublimes, au-dessus de l'atmosphère irrespirable.
Il n'est pas sous l'azur d'âme plus belle :
Dieu t'a pétrie du parfum des roses.
Les fils de cette terre sont comme les singes.
Vanité du parfum des roses parmi les singes !
La main de Dieu t'a dessinée. Ne jette pas
Le chef-d'uvre du ciel aux esclaves ignares !
Dieu ne t'a pas créée pour qu'un mortel t'approche,
De pour que d'un amour de loin tu sois l'objet.
(Abou-l-Qasim CHABBI)
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